Le secteur financier a suivi de près les développements concernant le Credit Suisse, une grande banque suisse qui a rencontré d’importants problèmes menant à sa fusion avec UBS Group AG en 2023. Cette fusion a effectivement marqué la fin du Credit Suisse en tant qu’entité autonome, après une période d’instabilité financière et de surveillance réglementaire. Alors que la fusion visait à stabiliser la situation, elle a également déclenché une série de batailles juridiques complexes impliquant des investisseurs, des régulateurs et des institutions financières. Ces litiges sont aujourd’hui au cœur des discussions concernant l’héritage de la banque et les implications de ses décisions finales.
La fusion entre le Credit Suisse et UBS a été motivée par des défis financiers et plusieurs scandales retentissants qui ont affecté la stabilité du Credit Suisse au cours des années précédant 2023. Parmi les événements marquants, citons l’effondrement de Greensill Capital, qui a entraîné des pertes substantielles pour les clients du Credit Suisse, et le scandale des « obligations au thon » au Mozambique, qui a donné lieu à des actions en justice et à des pénalités financières. La chute d’Archegos Capital Management a également affecté la banque, entraînant des pertes de plus de 5 milliards de dollars. Parmi les autres problèmes, citons un incident d’espionnage d’entreprise impliquant la surveillance d’anciens cadres et la démission du président António Horta-Osório à la suite de violations des protocoles COVID-19. Le Credit Suisse a également été reconnu coupable de ne pas avoir empêché le blanchiment d’argent lié à une organisation criminelle bulgare. Ces événements ont contribué à la baisse de confiance des investisseurs et à l’instabilité financière, ce qui a incité les autorités suisses à faciliter la fusion avec UBS afin de stabiliser le secteur bancaire et d’atténuer les risques financiers plus larges.
En tant que cabinet d’avocats directement impliqué dans des litiges civils, pénaux et administratifs avec le Crédit Suisse/UBS, nous analysons dans notre dernière étude l’état actuel et les facteurs clés des litiges en cours contre la banque.
Quelle est la situation actuelle de la banque Credit Suisse?
À partir de 2024, le Credit Suisse n’opère plus en tant qu’entité indépendante en raison de sa fusion avec UBS Group AG en juin 2023, mettant ainsi un terme aux 167 ans d’histoire du Credit Suisse. L’intégration a consisté à regrouper les différentes activités du Credit Suisse, notamment les activités de détail, de gestion de fortune et de banque d’investissement, sous l’égide d’UBS. L’ancienne entité juridique, Credit Suisse AG, a cessé d’exister et tous ses actifs, passifs et opérations font désormais partie d’UBS.
UBS a mis en place un plan stratégique pour gérer cette fusion importante, en se concentrant sur le maintien de la stabilité financière mondiale tout en créant une valeur durable pour ses actionnaires. Ce processus implique une vaste restructuration, qui pourrait inclure des suppressions d’emplois et une rationalisation opérationnelle, l’objectif d’UBS étant d’intégrer efficacement les deux géants bancaires. La fusion a considérablement renforcé la présence mondiale d’UBS, en particulier dans le domaine de la gestion de fortune, mais elle soulève également des inquiétudes quant à l’impact sur la concurrence dans le secteur bancaire suisse.
Quelles sont les principales actions en justice intentées contre le Credit Suisse concernant les obligations AT1?
Les actions en justice intentées contre le Credit Suisse portent sur la dépréciation controversée de 17 milliards de dollars d’obligations Additional Tier 1 (AT1), ordonnée par l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) pendant les derniers jours où la banque était une entité indépendante. Le procès porte principalement sur la décision de déclencher une clause qui a entraîné la dépréciation complète de ces obligations, les rendant sans valeur.
En outre, certains investisseurs intentent des actions en arbitrage en vertu des nombreux traités bilatéraux d’investissement (TBI) de la Suisse, arguant que la dépréciation constitue une violation de protections telles que le traitement juste et équitable. Comme nous l’avons souligné dans notre précédent Insight, ces traités permettent aux investisseurs de demander une indemnisation par le biais d’un arbitrage international, ce qui ne fait qu’exacerber les problèmes juridiques liés à l’effondrement d’une banque.
Les obligations AT1, également connues sous le nom d’obligations convertibles contingentes, sont un type d’investissement à haut risque conçu pour absorber les pertes en cas de difficultés financières. La réduction de valeur était justifiée par les conditions des obligations, qui autorisaient une telle mesure dans des situations extrêmes afin de stabiliser la banque. Toutefois, de nombreux investisseurs ont fait valoir que la dépréciation avait été effectuée de manière incorrecte et sans avertissement adéquat, ce qui a entraîné un préjudice financier important. Les obligations, qui ont été vendues à la fois à des investisseurs institutionnels et à des particuliers, ont été particulièrement critiquées parce qu’elles étaient présentées comme des investissements relativement sûrs, malgré les risques inhérents qu’elles comportaient.
En conséquence, plus de 100 plaignants ont intenté des actions en justice, non seulement contre le Credit Suisse, mais aussi contre d’autres institutions financières telles que MUFG, qui a joué un rôle dans la vente de ces obligations. Ces plaintes sont aujourd’hui portées devant les tribunaux de plusieurs juridictions, les plaignants réclamant des milliards de dollars de dommages et intérêts pour récupérer leurs pertes. En outre, les poursuites allèguent également que l’implication du gouvernement suisse dans l’orchestration de la fusion avec UBS et la dépréciation subséquente de ces obligations a été faite d’une manière qui a favorisé certaines parties prenantes par rapport à d’autres, en particulier aux dépens des détenteurs d’obligations AT1. Cette bataille juridique représente l’un des litiges financiers les plus importants de l’histoire récente, avec de vastes implications pour l’avenir des obligations AT1 et la protection des investisseurs.
Qui est impliqué dans le procès contre le Credit Suisse?
Les batailles juridiques contre le Credit Suisse ont été lancées par un groupe diversifié de plaignants, dont de grands investisseurs institutionnels, des fonds spéculatifs et des investisseurs individuels d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord. L’un des procès les plus importants a été intenté devant le tribunal fédéral du district sud de New York par un groupe de détenteurs d’obligations du Credit Suisse, qui détient plus de 82 millions de dollars de dettes AT1 et qui poursuit la Suisse pour obtenir une compensation. Les plaignants affirment que la dépréciation complète des obligations AT1, qui ont été conçues pour absorber les pertes en période de détresse financière, a été effectuée de manière injuste et sans préavis, causant un préjudice financier important.
Outre cette action en justice, le fonds spéculatif Appaloosa LP a également rejoint la liste croissante des entités qui intentent des actions en justice au sujet de l’effacement des obligations AT1. Appaloosa LP, ainsi que d’autres investisseurs institutionnels, soutiennent que les actions du gouvernement suisse lors de la fusion UBS-Credit Suisse ont favorisé de manière disproportionnée d’autres parties prenantes et n’ont pas tenu compte des intérêts des détenteurs d’obligations AT1. Ces plaignants cherchent à obtenir une compensation pour leurs pertes et font pression pour que le Credit Suisse et le gouvernement suisse soient tenus responsables de ce qu’ils considèrent comme un abus de confiance de la part des investisseurs et un manquement à l’obligation de protéger leurs intérêts financiers.
Quel pourrait être l’impact des litiges en cours sur le secteur financier?
Les litiges en cours démontrent l’efficacité de notre système juridique, offrant une réflexion positive sur sa fonctionnalité. Les procès entourant la dépréciation des obligations AT1 par le Crédit Suisse pourraient également avoir des implications significatives pour l’ensemble du secteur financier. Ces batailles juridiques ne sont pas seulement axées sur le recouvrement des pertes, mais pourraient créer des précédents importants susceptibles de remodeler l’avenir des instruments financiers à haut risque tels que les obligations AT1. Si les plaignants obtiennent gain de cause, l’émission et la commercialisation de ces obligations pourraient être soumises à des réglementations plus strictes et à une surveillance accrue, ce qui pourrait modifier la façon dont ces instruments sont perçus par les investisseurs et les institutions financières.
Les analystes de crédit des principales agences, notamment S&P Global, Moody’s et Fitch Ratings, ont averti que la dépréciation du Crédit Suisse avait déjà rendu les émissions AT1 plus difficiles et plus coûteuses. On s’attend à ce que les investisseurs exigent des primes de risque plus élevées en raison des craintes accrues concernant les pertes potentielles. Les investisseurs inquiets réévaluent désormais les niveaux de risque associés aux obligations AT1, ce qui pourrait entraîner une hausse des prix et une baisse des émissions, les banques étant obligées de faire face à un examen plus approfondi des conditions des obligations et des clauses de dépréciation.
Le litige pourrait également entraîner des changements plus larges dans la manière dont les gouvernements et les organismes de réglementation réagissent aux crises bancaires, avec des changements potentiels dans la manière dont ils équilibrent la protection des investisseurs et la stabilisation du système financier. Cela pourrait se traduire par des coûts plus élevés et des risques juridiques pour les institutions financières qui émettent des obligations AT1, ce qui en ferait un outil moins attrayant pour gérer les exigences en matière de fonds propres.
À plus long terme, ces actions en justice pourraient entraîner des changements dans les cadres réglementaires régissant les obligations AT1 et d’autres instruments financiers à haut risque. Il pourrait en résulter des protections renforcées pour les investisseurs, une plus grande transparence et, éventuellement, des coûts plus élevés pour les banques souhaitant émettre ce type d’obligations. En conséquence, les marchés financiers mondiaux pourraient voir des changements dans la façon dont les banques gèrent leurs structures de capital et s’engagent avec les investisseurs, avec la possibilité d’une augmentation des coûts et des risques pour les institutions financières. Cependant, les analystes notent que si les impacts à court terme peuvent inclure des primes plus élevées, le marché global des obligations AT1 pourrait se stabiliser à l’avenir avec des termes plus clairs et une meilleure compréhension des risques.
Dans le paysage financier complexe d’aujourd’hui, relever les défis posés par les instruments financiers à haut risque nécessite des conseils juridiques experts. Chez LINDEMANNLAW, nous sommes spécialisés dans la fourniture de conseils stratégiques sur la réglementation et le contentieux de ces instruments à l’échelle mondiale. En tant que cabinet d’avocats indépendant, nous avons obtenu de bons résultats dans les litiges civils, pénaux et administratifs avec le Credit Suisse/UBS. Que vous soyez un investisseur institutionnel, un fonds spéculatif ou un particulier cherchant à protéger ses investissements, notre équipe est là pour vous aider à comprendre vos droits et à prendre des décisions éclairées. Contactez-nous dès aujourd’hui pour discuter de la manière dont nous pouvons répondre à vos besoins juridiques, gérer les complexités de la réglementation financière et garantir la protection de vos investissements dans un marché en constante évolution.