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Conformité fiscale suisse pour les institutions financières: principales réglementations, défis et solutions stratégiques

La Suisse, connue pour la solidité de son secteur financier et ses lois sur le secret bancaire, a également mis en place un cadre strict en matière de conformité fiscale. Les institutions financières opérant en Suisse doivent respecter un large éventail de réglementations fiscales afin de s’assurer qu’elles sont non seulement conformes à la législation suisse, mais aussi aux normes internationales. Cet article explore les principaux aspects de la conformité fiscale suisse pour les institutions financières, en mettant en évidence les réglementations, les exigences et les défis qui y sont liés.

Les exigences de conformité fiscale suisses sont-elles différentes pour les institutions financières suisses?

En principe, non. Le même régime fiscal s’applique à toutes les entités juridiques en Suisse, quel que soit le secteur d’activité. Cependant, la complexité des activités des institutions financières se reflète dans le nombre et la complexité des règles fiscales qui leur sont applicables. Les autorités fiscales ont formulé des publications pratiques supplémentaires qui s’appliquent spécifiquement aux institutions financières et doivent être suivies par les contribuables. Ces pratiques concernent principalement la TVA (avec une publication distincte pour le secteur financier), les droits de timbre, l’impôt anticipé et, dans une moindre mesure, l’impôt sur le revenu. En ce qui concerne la TVA, les institutions financières suisses doivent faire la distinction entre les chiffres d’affaires imposables et exonérés de TVA et doivent être en mesure de calculer leur déduction de la TVA en amont spécifique à leur secteur. En ce qui concerne les droits de timbre, chaque institution financière doit déterminer si elle est considérée comme un négociant en valeurs mobilières suisse aux fins des droits de timbre et quels produits et transactions sont soumis aux droits de timbre. En ce qui concerne l’impôt anticipé, il convient de tenir compte des réglementations relatives aux paiements d’intérêts et des définitions fiscales spécifiques des obligations et des billets.

Quelles sont les règles de TVA spécifiques au secteur?

Si, en principe, toutes les livraisons de biens et prestations de services sont soumises à la TVA, la loi prévoit plusieurs exonérations de TVA applicables aux services financiers. Ces exonérations concernent notamment:

✔ l’octroi de prêts et le courtage
✔ les services bancaires et de paiement
✔ le courtage en valeurs mobilières
✔ la gestion et la distribution de certains organismes de placement collectif

Un catalogue détaillé de la manière de classer chaque service aux fins de la TVA est publié dans la publication sectorielle TVA 14 « Secteur financier » de l’Administration fédérale des contributions. Chaque institution financière doit savoir comment classer ses services aux fins de la TVA suisse et appliquer la TVA en conséquence. Cette qualification est également pertinente pour l’application du mécanisme d’autoliquidation, car les services imposables à la TVA reçus de l’étranger doivent être auto-imposés.

En outre, la qualification des bénéficiaires aux fins de la TVA est plus complexe pour les prestataires de services financiers. Dans le cas de bénéficiaires étrangers qui sont des véhicules d’investissement passifs, tels que des sociétés d’investissement privées ou des trusts, le prestataire doit examiner si le bénéficiaire effectif d’un tel véhicule est un résident suisse ou non et appliquer la TVA suisse si le bénéficiaire effectif est basé en Suisse.

En ce qui concerne la déduction de la TVA en amont, une méthode de calcul spéciale a été définie pour les banques. Cette méthode permet aux banques suisses de calculer et d’appliquer efficacement ce quota. Les détails sont publiés dans la publication 15 de l’industrie de la TVA « Input VAT Lump Sum for Banks ». Comme les règles de TVA s’appliquent à l’ensemble du chiffre d’affaires d’un établissement financier, une application incorrecte de ces règles peut entraîner des pertes financières importantes.

Comment les règles de TVA s’appliquent-elles aux établissements financiers au Liechtenstein?

La Suisse et le Liechtenstein forment un seul territoire de TVA en vertu d’un accord bilatéral, ce qui signifie que les mêmes règles de TVA s’appliquent aux institutions financières au Liechtenstein qu’en Suisse.

Les institutions financières au Liechtenstein doivent se conformer aux dispositions de la loi suisse sur la TVA, y compris les exonérations pour certains services financiers tels que l’octroi de prêts, le courtage et la gestion de placements collectifs de capitaux. Ces exonérations sont identiques à celles appliquées en Suisse.

Qu’est-ce que le droit de timbre suisse et comment les institutions financières doivent-elles l’appliquer?

Le droit de timbre suisse est une taxe prélevée par la Suisse sur diverses transactions financières. Il comprend trois grandes catégories:

✔ les apports de capital
✔ les transferts de titres (droit de timbre de négociation)
✔ les primes d’assurance

Pour les institutions financières suisses, la forme la plus pertinente est le droit de timbre de négociation. Le droit de timbre de négociation s’applique aux transactions sur titres impliquant des négociants en valeurs mobilières suisses, qui comprennent les banques, les assureurs, les courtiers, les gestionnaires d’actifs et les sociétés ou fonds de pension suisses détenant des titres d’une valeur de 10 millions de francs suisses ou plus. Cette taxe est prélevée sur la vente et l’achat d’actions et d’obligations, sur les appels de capitaux et sur l’émission de parts de fonds étrangers. Les produits structurés sont également soumis à cette taxe, en particulier sur leur composante obligataire.

La taxe est calculée par transaction, avec des taux de 0,075% pour les titres nationaux et de 0,15% pour les titres étrangers, appliqués à chaque contrepartie. Certaines contreparties peuvent être exonérées de leur part de l’impôt, à condition qu’elles puissent dûment documenter leur statut d’exonération.

Les courtiers en valeurs mobilières suisses sont tenus de tenir un journal détaillé de l’impôt anticipé, dans lequel ils consignent toutes les transactions sur titres et les paramètres pertinents pour le calcul de l’impôt.

Compte tenu de la nature opérationnelle de cet impôt et des nombreux facteurs intervenant dans son calcul, il est essentiel pour les institutions financières suisses de mettre en place un processus de conformité efficace.

Quel est l’impact de l’impôt anticipé suisse sur les banques et les fonds d’investissement?

L’impôt anticipé suisse a un impact significatif sur les banques et les organismes de placement collectif.

Un impôt anticipé de 35% est prélevé sur les paiements d’intérêts effectués par les banques suisses à leurs clients, ce qui permet aux banques de ne verser que 65% du montant des intérêts directement aux clients. Pour éviter cet impôt, les banques peuvent utiliser des dépôts fiduciaires auprès de banques étrangères, sous réserve de conditions spécifiques et d’exigences documentaires formulées par l’Administration fédérale des contributions.

Si les intérêts sur les prêts sont généralement exonérés de l’impôt anticipé, ils peuvent être soumis au taux de 35% si le prêt est considéré comme un instrument de levée de capitaux collectifs. C’est le cas, par exemple, lorsqu’un débiteur emprunte à des conditions identiques auprès de plus de dix créanciers ou à des conditions variables auprès de plus de vingt créanciers. Par conséquent, les prêts syndiqués doivent être examinés avec soin pour éviter de déclencher l’impôt anticipé et d’avoir un impact sur le rendement des investissements.

Les distributions des organismes de placement collectif suisses sont également soumises à la retenue à la source. Toutefois, le montant imposable peut être réduit en déclarant séparément les distributions provenant des plus-values, qui sont exonérées. En outre, les fonds ayant des investissements directs dans l’immobilier suisse peuvent éviter la retenue à la source sur les distributions provenant de ces investissements s’ils sont correctement documentés et déclarés.

Comme indiqué ci-dessus, le système suisse de retenue à la source est complexe et a des implications considérables pour les institutions financières et les investisseurs. Il nécessite une attention particulière dans diverses transactions financières. Une bonne compréhension et une bonne gestion de ces obligations fiscales sont essentielles pour maintenir la conformité et optimiser les résultats financiers.

La conformité fiscale suisse pour les institutions financières est un processus à multiples facettes, qui nécessite une compréhension approfondie des réglementations locales, de la jurisprudence et de la pratique des autorités fiscales. En mettant en œuvre des programmes de conformité solides et en appliquant les meilleures pratiques, les institutions financières peuvent naviguer dans les complexités de la conformité fiscale suisse.

La gestion des réglementations fiscales suisses nécessite des connaissances spécialisées. Notre équipe d’experts juridiques et fiscaux peut aider votre institution financière à développer des stratégies solides de conformité fiscale et à réduire les risques réglementaires.

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