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Un nouveau chapitre de votre vie en Suisse ? Ce que les citoyens hors UE/AELE doivent savoir

Dans notre précédente newsletter, nous avons analysé les 5 voies magiques pour obtenir un permis de séjour en Suisse. L’une d’entre elles est le permis de séjour pour les investisseurs privés fortunés âgés de plus de 55 ans. On pourrait dire que 50 ans est le nouveau 30 ans, du moins en matière d’énergie, d’ambition et de perspectives !

La Suisse est depuis longtemps l’une des destinations les plus prisées des investisseurs privés fortunés. Outre sa stabilité politique, son excellent système de santé et sa qualité de vie élevée, la Suisse séduit par sa situation centrale en Europe et son environnement fiscal prévisible. Cependant, pour les ressortissants de pays tiers, c’est-à-dire hors UE et AELE, la question se pose : à quelles conditions est-il possible de résider légalement en Suisse ? Notre cabinet d’avocats conseille depuis de nombreuses années des clients internationaux dans ce domaine. Dans cet article, nous répondons aux cinq questions clés qui nous sont le plus souvent posées dans la pratique :

Quelles sont les conditions requises pour les citoyens non ressortissants de l’UE/AELE qui envisagent de s’installer en Suisse ?

Un permis de séjour pour un ressortissant d’un pays non membre de l’UE/AELE en Suisse est légalement possible, mais soumis à un certain nombre de conditions [1]. Tout d’abord, un âge minimum de 55 ans est requis [2]. En outre, toute activité lucrative en Suisse est exclue, que ce soit en tant que salarié ou indépendant [3]. Toutefois, la gestion passive de fortune, les activités d’investissement ou les mandats d’administration sans fonction opérationnelle sont autorisés. La personne doit être en mesure de subvenir entièrement à ses besoins financiers [4], ce qui nécessite généralement des fonds personnels annuels compris entre 100 000 et 300 000 CHF selon le canton. Une assurance maladie et accidents complète couvrant tous les services pertinents est également obligatoire.

Le lien avec la Suisse [5] est particulièrement important, mais souvent négligé. Ce lien doit exister indépendamment des liens familiaux. Des exemples appropriés sont une formation antérieure dans un internat ou une université suisse, des séjours professionnels, des visites régulières pendant les vacances (justifiées par des tampons sur le passeport ou des factures d’hôtel) ou des réseaux privés ou professionnels existants dans le pays. Les membres de la famille tels que les enfants ou les conjoints ne sont pas considérés comme un lien suffisant avec la Suisse dans ce contexte. Les autorités cantonales compétentes en matière de migration évaluent ces conditions au cas par cas. Il est donc d’autant plus important de présenter une demande préparée de manière stratégique et accompagnée d’une documentation complète sur la situation personnelle.

Existe-t-il des différences selon les cantons ?

Un autre facteur important concerne les différences dans la pratique d’approbation entre les cantons. Si la loi fédérale sur les étrangers et l’intégration (AIE) et l’ordonnance sur l’admission, le séjour et l’exercice d’une activité lucrative (VZAE) s’appliquent à l’échelle nationale, leur mise en œuvre varie d’un canton à l’autre. Par exemple, Genève, Vaud, le Tessin et le Valais sont considérés comme ouverts aux investisseurs privés fortunés de plus de 55 ans ayant un projet de vie clair et un lien avec la Suisse. D’autres cantons, tels que Zurich ou Bâle-Ville, sont plus restrictifs. Il est utile d’analyser les conditions juridiques et fiscales à un stade précoce, idéalement avec l’aide d’un expert juridique et fiscal, lors du choix du futur lieu de résidence.

Genève et Vaud tiennent de plus en plus compte de facteurs économiques, tels que le potentiel de consommation locale ou la propriété immobilière existante. Au Tessin, les liens culturels (par exemple, une origine italophone ou des séjours fréquents dans le canton) peuvent être considérés comme un atout. Le Valais est particulièrement flexible pour les demandes où un lien fort avec une commune spécifique peut être démontré, par exemple par des séjours répétés ou la propriété d’un bien immobilier. En revanche, Zurich rejette régulièrement les demandes si le lien avec la Suisse est jugé « trop faible » ou l’engagement financier insuffisant. Bâle-Ville applique également des normes strictes et a tendance à rejeter les demandes sans valeur ajoutée démontrable pour le canton.

Les investisseurs privés fortunés titulaires d’un permis de séjour peuvent-ils acheter un bien immobilier en Suisse ou doivent-ils faire face à des obstacles supplémentaires ?

L’achat d’un bien immobilier en Suisse est une préoccupation courante de nos clients. Même s’ils disposent d’un permis de séjour B valide, mais sans permis de séjour permanent, les investisseurs privés fortunés qui ne sont pas ressortissants d’un État membre de l’UE ou de l’AELE sont toujours considérés comme des « personnes à l’étranger » au sens de la loi fédérale sur l’acquisition d’immeubles par des personnes à l’étranger (dite Lex Koller [6]). Néanmoins, une personne fortunée titulaire d’un permis de séjour peut acquérir une résidence principale (maison individuelle ou appartement en copropriété) sur le lieu de sa résidence légale et effective sans autorisation [7].

L’acheteur doit occuper lui-même le bien immobilier ; la location, même partielle, n’est pas autorisée. L’acquisition sans autorisation d’une résidence principale ne peut avoir lieu qu’au nom personnel de l’acheteur [8]. La superficie du terrain ne doit pas dépasser 3 000 m² [9].

L’acquisition de résidences secondaires ou de maisons de vacances reste soumise à autorisation.

Quelles sont les conséquences d’un permis de séjour sur l’acquisition ultérieure de la nationalité ou le regroupement familial ?

Sous certaines conditions, la résidence conduit à l’acquisition de la nationalité et permet le regroupement familial. Toutefois, cela ne se fait pas automatiquement.

L’acquisition ordinaire de la nationalité requiert, entre autres, dix ans de résidence en Suisse [10], l’intégration dans la société [11] et des compétences linguistiques [12]. Les personnes sans activité lucrative doivent également prouver leur intégration sociale et économique par d’autres moyens. Cela peut se faire, par exemple, par le biais d’un engagement social, d’une affiliation à une association ou d’une participation régulière à la vie locale. Les autorités examinent attentivement si une personne participe activement à la vie sociale ou si elle se contente d’être « officiellement domiciliée ».

Le regroupement familial est également possible, mais soumis à des règles claires : il ne s’applique qu’aux conjoints et aux enfants mineurs et nécessite un logement suffisant et une indépendance financière [13]. Les délais de regroupement varient en fonction du statut de résidence et de la nationalité – pour les ressortissants de pays non membres de l’UE/AELE, les conjoints doivent généralement être regroupés dans un délai de cinq ans [14]. Pour les enfants, il est souvent nécessaire de prouver qu’ils faisaient déjà partie du ménage dans le pays d’origine. Il est donc essentiel de planifier le regroupement familial à l’avance, car les demandes tardives peuvent entraîner un refus.

Quelles sont les conséquences fiscales d’une installation en Suisse ?

En matière fiscale, la Suisse offre une option intéressante, à savoir l’imposition à la charge de la communauté, accessible aux étrangers sans activité lucrative et ayant leur domicile fiscal dans le pays. L’impôt n’est pas basé sur le revenu ou la fortune réels, mais sur les frais de subsistance. Toutefois, ce type d’imposition est réglementé différemment selon les cantons : alors qu’il est disponible dans les cantons de Vaud, du Valais ou de Genève, il a été supprimé à Zurich, Bâle-Ville et Schaffhouse. Il est fortement recommandé de procéder à un examen fiscal approfondi, notamment en ce qui concerne les éventuelles conventions de double imposition avec le pays d’origine, afin d’éviter des conséquences fiscales inattendues.

Pour en savoir plus sur l’imposition forfaitaire, consultez notre article détaillé ici : Imposition forfaitaire en Suisse – Avantages pour les personnes fortunées qui s’installent en Suisse.

Conclusion

En résumé, la résidence en Suisse en tant que citoyen fortuné de plus de 55 ans non ressortissant de l’UE/AELE est légalement possible, mais soumise à des conditions claires. Le succès d’une telle demande dépend en grande partie d’une préparation minutieuse, d’une documentation solide et du choix du bon emplacement. Notre cabinet d’avocats se fera un plaisir de vous accompagner à chaque étape, de la consultation initiale au dépôt de la demande, en passant par l’optimisation fiscale et la planification du regroupement familial.

Si vous envisagez de commencer un nouveau chapitre de votre vie en Suisse, nous serons ravis de vous aider. N’hésitez pas à nous contacter.

[1] Voir en particulier l’art. 28 AIG.
[2] Voir en particulier l’art. 25, al. 1, VZAE.
[3] Voir en particulier l’art. 25, al. 3, VZAE.
[4] Voir en particulier l’art. 25, al. 4, VZAE.
[5] Voir en particulier l’art. 25, al. 2, VZAE.
[6] Voir en particulier l’art. 5, al. 1, let. abis, BewG en relation avec l’art. 2, al. 3, BewV.
[7] Voir en particulier l’art. 2, al. 2, let. b, BewG.
[8] Voir en particulier l’art. 8, let. a, BewV.
[9] Voir en particulier l’art. 18a, al. 2, let. c, BewV.
[10] Voir en particulier l’art. 9, al. 1, let. b, BüG.
[11] Voir en particulier l’art. 11 BüG.
[12] Voir en particulier l’art. 12, al. 1, let. c, BüG.
[13] Voir en particulier l’art. 44 AIG.
[14] Voir en particulier l’art. 47, al. 1, AIG.

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