Les prix de transfert, c’est-à-dire la fixation des prix des biens, des services et des actifs incorporels entre des entités liées, ont toujours été une préoccupation majeure pour les entreprises multinationales et les autorités fiscales du monde entier. Ces dernières années, les autorités fiscales cantonales ont consacré davantage de ressources aux prix de transfert, augmentant ainsi le nombre d’audits en la matière. L’Administration fédérale des contributions a créé un site web spécifiquement dédié aux prix de transfert.
Quelles sont les règles relatives aux prix de transfert qui s’appliquent en Suisse ?
La Suisse suit le principe de pleine concurrence et renvoie les contribuables aux Principes de l’OCDE applicables en matière de prix de transfert. Bien que ces principes ne soient pas juridiquement contraignants, ils sont largement utilisés par les autorités fiscales et les tribunaux suisses comme outil d’interprétation.
Les contribuables suisses ne sont pas tenus de préparer une documentation formelle sur les prix de transfert. Toutefois, ils doivent démontrer que les transactions intragroupe respectent le principe de pleine concurrence. Le respect des principes de l’OCDE protège généralement les contribuables contre les contestations des autorités.
L’Administration fédérale des contributions (AFC) a commencé à publier sur son site Internet ses points de vue sur divers sujets liés aux prix de transfert, notamment la méthode du prix de revient majoré, les ajustements primaires, correspondants et secondaires, les accords de partage des coûts et les prêts intragroupe.
Quelles sont les spécificités locales suisses en matière de prix de transfert ?
Comme mentionné ci-dessus, les autorités fiscales suisses suivent les principes de l’OCDE en matière de prix de transfert. Le traitement des taux d’intérêt sur les prêts intragroupe constitue une exception importante.
L’AFC publie chaque année des taux d’intérêt « de référence » pour les prêts intragroupe en CHF et dans d’autres devises. Les contribuables qui utilisent ces taux ne sont pas tenus de justifier leurs calculs. Par conséquent, l’application des taux d’intérêt de référence réduit les risques fiscaux et simplifie le processus de documentation fiscale.
Les contribuables suisses peuvent utiliser des taux en dehors de la fourchette de la règle refuge, mais doivent prouver leur caractère de pleine concurrence par des études détaillées des prix de transfert. Veuillez noter que la fourniture d’offres de crédit de banques tierces pour prouver que les taux d’intérêt appliqués sont conformes au principe de pleine concurrence peut ne pas être acceptée par les autorités fiscales.
Quelles sont les conséquences du non-respect des règles de prix de transfert en Suisse ?
Les conséquences fiscales du non-respect des règles de prix de transfert peuvent être sévères. Les différences entre la rémunération réelle et la rémunération de pleine concurrence seront considérées comme un transfert occulte à la partie liée et imposées comme suit :
✔ Ces différences sont ajoutées au revenu imposable du contribuable suisse et sont soumises à l’impôt sur les sociétés.
✔ Le transfert occulte à une partie liée peut être traité comme un dividende aux fins de l’impôt à la source. Comme le payeur est légalement tenu de déduire l’impôt à la source de 35 % du paiement du dividende, le montant du transfert occulte est traité comme un paiement net, c’est-à-dire comme 65 % du paiement brut. Le montant du paiement est majoré et l’impôt à la source est dû sur le montant majoré.
La Suisse n’impose pas de pénalités spécifiques en matière de prix de transfert.
Exemple :
La filiale suisse A à Zurich verse 200 à sa société mère étrangère B pour des services. Cependant, le prix du marché pour des services comparables n’est que de 100.
Étant donné que la rémunération versée par A à B n’est pas conforme au principe de pleine concurrence, seuls 100 (prix du marché) sont autorisés comme dépense déductible à des fins fiscales. L’excédent de 100 n’est pas autorisé, ce qui entraîne un revenu imposable supplémentaire de 100, soumis à l’impôt sur les sociétés d’environ 20 %.
Les 100 non autorisés peuvent être traités comme un transfert caché à la société mère B. Ce montant est considéré net de l’impôt anticipé suisse de 35 %. Pour calculer le montant brut soumis à l’impôt anticipé :
Montant net : 100
Taux de l’impôt anticipé : 35 %
Montant brut = montant net / (1 – taux d’imposition)
Montant brut = 100/0,65 = 154
Impôt anticipé = 154 * 35 % = 54
Le montant du transfert caché soumis à l’impôt anticipé est de 154 et l’impôt anticipé s’élève à 54.
Qui effectue les audits des prix de transfert en Suisse ?
Les prix de transfert sont généralement examinés dans le cadre du contrôle fiscal standard des entreprises effectué par les autorités fiscales cantonales. Ces dernières sont particulièrement vigilantes en ce qui concerne les transactions impliquant des domaines à haut risque, tels que la propriété intellectuelle, les services intragroupe et le financement. Un nombre croissant d’autorités fiscales cantonales mettent en place des équipes spécialisées dans les prix de transfert pour soutenir les contrôles fiscaux réguliers des entreprises. Si un contrôleur fiscal procède à un ajustement qui concerne également l’impôt anticipé, il en informe l’AFC, qui émet alors une décision distincte.
L’AFC peut également soulever des questions de prix de transfert lors de contrôles liés à la TVA, à l’impôt anticipé ou au droit de timbre.
Est-il possible d’obtenir un accord préalable en matière de prix de transfert (APP) ?
Il est possible d’obtenir un APP. L’autorité compétente est le Secrétariat d’État suisse aux questions financières internationales (SFI). Le recours aux APP, par lesquels les contribuables et les autorités fiscales conviennent à l’avance de la méthodologie de prix de transfert pour des transactions spécifiques, a considérablement augmenté. Cela permet de garantir la sécurité et de réduire le risque de litiges.
En Suisse, les prix de transfert sont établis sur la base des Principes de l’OCDE, mais les autorités suisses appliquent des interprétations spécifiques, par exemple en ce qui concerne les prêts intragroupes ou les taux d’intérêt de la sphère de sécurité. Les autorités fiscales cantonales et l’AFC accordant une importance croissante à la conformité proactive, celle-ci est plus importante que jamais.
Chez LINDEMANNLAW, nous conseillons nos clients sur la conformité avec la réglementation suisse en matière de prix de transfert et les représentons lors des audits et des négociations d’APP. Contactez-nous dès aujourd’hui pour vous assurer que votre stratégie de prix de transfert est conforme aux pratiques suisses actuelles.