Les sports équestres et le commerce des chevaux jouent un rôle essentiel dans l’économie de l’Union européenne. L’industrie équine de l’UE n’est pas seulement un pôle d’excellence sportive, mais aussi un moteur économique majeur, générant plus de 100 milliards d’euros par an et fournissant plus de 400 000 emplois dans différents secteurs. Des pays comme l’Allemagne, la France et les Pays-Bas sont à la pointe de l’élevage de chevaux d’élite et des événements équestres tels que le saut d’obstacles, les courses de chevaux, le dressage, le polo et le concours complet d’équitation. En outre, le marché européen du cheval est stimulé par la demande de chevaux de sport de haute performance, en particulier dans les compétitions internationales et les ventes de chevaux, y compris les ventes aux enchères. Par exemple, jeudi soir dernier, le 19 septembre, en Belgique, un jeune étalon de sept ans, Codex Diaz Z (Codex One Z x Cornet Obolensky), a été vendu pour 1 million d’euros. Alors que le secteur continue de se développer, les cadres juridiques régissant les ventes de chevaux, en particulier dans les cas transfrontaliers, sont devenus de plus en plus importants pour garantir des transactions fluides et protéger les droits des acheteurs et des vendeurs.
La Suisse s’enorgueillit d’une riche tradition équestre, caractérisée par une culture dynamique et des succès constants sur la scène internationale. Les cavaliers suisses ont toujours excellé dans des compétitions prestigieuses, notamment les Jeux olympiques de 2012 et 2024, la Coupe des nations Mercedes-Benz et, plus récemment, la Coupe des nations du CSIO5* lors de la Coupe des nations Henders & Hazel dans le cadre du Brussels Stephex Masters 2024. Ces réalisations mettent en évidence leurs compétences exceptionnelles et leur dévouement au sport. Ce succès s’appuie sur une infrastructure solide et une communauté équestre passionnée, ce qui en fait l’un des dix sports les plus populaires du pays.
Le secteur équestre suisse est important, avec environ 70 000 amateurs de chevaux actifs et 23 200 chevaux de sport enregistrés ces dernières années. En outre, la Suisse abrite de nombreuses races de chevaux reconnues internationalement, notamment le cheval de sang suisse et le célèbre Freiberger, ce dernier étant considéré comme faisant partie du patrimoine vivant du pays. Le Freiberger, en particulier, est célébré pour sa polyvalence, tant dans le domaine des loisirs que dans celui de la compétition, et incarne l’importance culturelle des chevaux en Suisse. D’un point de vue économique, l’industrie suisse du cheval génère environ 1,67 milliard d’euros par an et soutient 12 900 emplois à temps plein, ce qui illustre son importance non seulement dans le domaine du sport, mais aussi dans les secteurs plus larges de l’agriculture et des loisirs.
Les ventes transfrontalières de chevaux entre l’Union européenne et la Suisse augmentent en raison de la forte demande de chevaux bien élevés et performants. La gestion des subtilités juridiques de ces transactions peut s’avérer complexe, notamment en raison des différences entre les lois et réglementations en matière de contrats. Afin d’aider nos clients à mieux comprendre ces subtilités, cet article aborde les questions clés relatives aux contrats d’achat de chevaux dans les affaires transfrontalières entre l’UE et la Suisse, en mettant l’accent sur les principales considérations juridiques pour les acheteurs et les vendeurs.
Quels sont les éléments clés d’un accord de vente et d’achat de chevaux dans les affaires transfrontalières entre l’UE et la Suisse ?
Un contrat de vente et d’achat de chevaux valable dans les transactions transfrontalières entre l’UE et la Suisse doit comporter plusieurs éléments essentiels, notamment
✔ Identification des parties: L’acheteur et le vendeur doivent être clairement identifiés avec leurs coordonnées légales complètes.
✔ Description du cheval: L’accord doit fournir des détails précis sur le cheval, notamment sa race, son âge, son pedigree, son numéro d’identification (par exemple, une puce électronique), ainsi que tout dossier de compétition spécifique et son niveau de compétence en équitation.
✔ Prix et modalités de paiement: Le prix d’achat convenu, la devise et le calendrier de paiement doivent être explicitement indiqués.
✔ Transfert de propriété: Le contrat doit préciser le moment où la propriété et les risques sont transférés du vendeur à l’acheteur, ce qui est souvent le cas au moment de la livraison.
✔ Conditions de livraison: Les parties doivent également convenir des conditions de livraison d’un cheval à un nouveau propriétaire/une nouvelle écurie, y compris la partie responsable du transport et le moyen de transport du cheval, les coûts de cette livraison et ses éventuelles conditions d’assurance.
✔ Garantie et défauts: Les parties doivent se mettre d’accord sur les garanties concernant l’état, la santé et l’aptitude à l’emploi du cheval, ainsi que sur la manière dont les défauts seront traités.
Ces accords doivent être conformes à la législation nationale de l’acheteur et du vendeur, afin que le contrat soit applicable dans la juridiction concernée. Il est essentiel de définir clairement les termes du contrat pour éviter les litiges. Les systèmes juridiques de la Suisse et de l’UE exigent de la précision afin d’éviter tout malentendu futur. Chez LINDEMANNLAW, nous suivons ces lignes directrices pour nous assurer que les accords couvrent tous les éléments juridiques nécessaires.
Un autre élément important à prendre en compte dans les ventes transfrontalières de chevaux entre l’UE et la Suisse est l’utilisation de services de dépôt fiduciaire. Ces services permettent à un tiers neutre (l’agent de séquestre) de conserver les fonds jusqu’à ce que toutes les conditions du contrat, telles que la livraison ou un examen vétérinaire satisfaisant, soient remplies. Ce mécanisme réduit considérablement les risques de fraude et de non-paiement, protégeant ainsi l’acheteur et le vendeur. Par exemple, les services de séquestre équin peuvent protéger contre des problèmes courants tels que des problèmes de santé non divulgués ou des représentations frauduleuses des capacités d’un cheval, que l’on rencontre souvent dans les ventes internationales de chevaux. Ces services peuvent également s’appliquer en cas de vente de chevaux à l’essai ou sous réserve d’examens vétérinaires préalables à l’achat.
Quel est le droit applicable à un contrat de vente et d’achat de chevaux dans les affaires transfrontalières entre l’Union européenne et la Suisse?
Dans les ventes transfrontalières de chevaux entre l’UE et la Suisse, la détermination de la loi applicable peut être complexe en raison des différents cadres juridiques. Pour les pays de l’UE, le règlement Rome I (règlement (CE) n° 593/2008) régit le choix de la loi applicable aux obligations contractuelles. En vertu de ce règlement, les parties sont libres de choisir la loi qui régira leur contrat. Si aucune loi n’est choisie, la loi par défaut est généralement celle du pays où le vendeur a sa résidence habituelle. Il convient également de souligner que des règles spéciales sur le choix de la loi s’appliquent aux contrats conclus avec la participation de consommateurs.
La Suisse n’est toutefois pas liée par le règlement Rome I puisqu’elle n’est pas membre de l’UE. C’est le droit international privé suisse qui s’applique, en particulier le code fédéral suisse de droit international privé. Comme dans l’UE, le droit suisse permet aux parties de choisir le droit applicable. En l’absence d’un tel choix, le droit suisse s’applique généralement si le vendeur est domicilié en Suisse .
Enfin, si l’acheteur est domicilié en Suisse, la loi du pays de l’UE concerné s’applique conformément au droit international privé de ce pays. En Pologne, par exemple, la loi renvoie directement à l’application du règlement Rome I.
Il est toujours souhaitable que le contrat mentionne explicitement le droit applicable afin d’éviter toute incertitude juridique. Cela garantit que les litiges seront traités dans le cadre juridique convenu, ce qui simplifie toute procédure future.
Quelle juridiction s’applique à la vente transfrontalière de chevaux entre l’UE et la Suisse?
La compétence en matière de vente de chevaux entre l’UE et la Suisse est principalement déterminée par l’accord entre les parties, mais si elle n’est pas spécifiée, elle peut être déterminée sur la base de plusieurs cadres juridiques. Le règlement Bruxelles I (règlement (UE) n° 1215/2012) régit la répartition des compétences en matière civile et commerciale entre les pays de l’UE. Bien que la Suisse ne fasse pas partie de l’UE, elle a conclu des accords bilatéraux avec l’UE, notamment la Convention de Lugano (2007).
En vertu de la convention de Lugano, les parties peuvent choisir la juridiction qui traitera les litiges découlant du contrat. En l’absence d’un tel accord, les tribunaux compétents pour le lieu d’exécution de l’obligation contractuelle sont généralement compétents. Sauf convention contraire, le lieu d’exécution de l’obligation est, dans le cas de la vente d’un cheval, le lieu d’un État lié par la présente convention où, en vertu du contrat, un cheval devait être livré. Certaines exceptions peuvent s’appliquer, notamment lorsque le contrat concerne des consommateurs, où les tribunaux du domicile du consommateur peuvent être compétents. Il est donc important que le contrat de vente de chevaux contienne une clause précisant le tribunal compétent pour résoudre les litiges.
Peut-on exclure la garantie pour les défauts des chevaux dans les contrats de vente et d’achat de chevaux entre l’UE et la Suisse?
Dans les contrats de vente transfrontalière de chevaux entre l’UE et la Suisse, l’exclusion ou la limitation des garanties pour les défauts est légalement autorisée mais soumise à des conditions spécifiques en vertu du droit suisse et du droit de l’UE.
En Suisse, le code suisse des obligations (articles 197 à 210) autorise l’exclusion ou la limitation des droits de garantie pour les vices cachés, à condition que cette exclusion soit clairement mentionnée dans le contrat. Toutefois, les exclusions ne sont pas valables en cas de dol ou de négligence grave de la part du vendeur. La période de garantie légale pour les vices cachés est généralement de deux ans, bien que les parties puissent convenir de prolonger ou de réduire cette période. En particulier, le vendeur reste responsable des défauts même s’il ne les connaît pas, mais cette responsabilité peut être limitée par un accord entre les parties.
Dans l’UE, le cadre juridique est plus strict, notamment en ce qui concerne la protection des consommateurs. La directive sur la vente de biens (UE 2019/771) interdit l’exclusion totale de la responsabilité de garantie pour les vices cachés dans les transactions avec les consommateurs. Cependant, il y a plus de flexibilité dans les transactions entre entreprises (B2B). Ici, les parties peuvent convenir de limiter ou d’exclure les garanties implicites, telles que la garantie implicite d’adéquation à un usage ou de qualité marchande, à condition que cela soit explicitement détaillé dans le contrat. Pour des raisons évidentes, cependant, la responsabilité ne peut être exclue sur la base d’une faute intentionnelle, d’une fausse déclaration ou même d’une fraude
Il est essentiel que les contrats transfrontaliers contiennent des clauses claires et conformes à la loi, y compris des clauses d’exclusion de garantie ou des clauses “en l’état”, afin de remédier à tout défaut potentiel et d’éviter les litiges. Une documentation appropriée garantit que les deux parties comprennent et acceptent les conditions de la vente.
Comment les examens vétérinaires préalables à l’achat affectent-ils un contrat de vente de chevaux dans les affaires transfrontalières entre l’UE et la Suisse?
Examens vétérinaires préalables à l’achat jouent un rôle crucial dans les contrats de vente de chevaux, en particulier dans les transactions transfrontalières. Ces examens ont pour but d’évaluer la santé et l’état de santé du cheval avant que la vente ne soit finalisée, ce qui permet d’atténuer les risques pour l’acheteur et le vendeur.
Dans l’Union européenne, les contrôles vétérinaires préalables à l’achat font partie intégrante des ventes d’équidés, et les résultats de ces examens sont souvent inclus dans le contrat sous forme de garanties ou de conditions suspensives. S’il s’avère que le cheval présente certaines conditions qui affectent ses performances ou sa santé, l’acheteur peut soit renégocier les conditions de la vente, soit se retirer complètement de la transaction. Ces examens offrent également une protection juridique en documentant l’état du cheval au moment de la vente, réduisant ainsi le risque de litige sur les vices cachés.
Bien qu’il n’y ait pas d’obligation d’effectuer un examen vétérinaire avant l’achat en vertu d’un règlement de l’UE particulier, il convient de mentionner que dans certaines juridictions de l’UE, la législation locale peut imposer une telle obligation. Par conséquent, il est toujours essentiel de vérifier les exigences légales locales.
De même, en Suisse, les examens préalables à l’achat sont considérés comme essentiels pour les chevaux de grande valeur. Le droit suisse reconnaît l’importance de ces rapports pour déterminer si un cheval est apte à l’usage auquel il est destiné. Un rapport d’examen vétérinaire peut également influencer l’étendue des garanties offertes par le vendeur ou les exclusions convenues dans le contrat.
Il convient également de souligner que les examens vétérinaires préalables à l’achat ne garantissent pas que chaque défaut du cheval puisse être détecté au cours d’un tel examen vétérinaire. Il est donc recommandé de bien choisir l’étendue de l’examen vétérinaire préalable à l’achat et d’envisager d’inclure des clauses de non-responsabilité particulières dans un contrat couvrant l’état de santé du cheval qui n’a pas fait l’objet d’un examen vétérinaire.
La gestion des complexités des ventes transfrontalières de chevaux entre l’Union européenne et la Suisse nécessite une attention particulière aux détails juridiques et une connaissance du secteur équin. Chez LINDEMANNLAW, nous fournissons un soutien juridique complet dans le domaine du droit équin, en aidant nos clients avec une gamme de services comprenant l’assistance à la vente et à l’achat, en particulier la rédaction et l’examen des contrats de vente de chevaux, en offrant des conseils juridiques sur la conformité réglementaire ou en fournissant des services de séquestre pour sécuriser toute transaction entre les parties contractantes.
Dr. Ariel Sergio Davidoff apporte non seulement une vaste expérience dans le droit équin suisse, mais aussi une passion personnelle pour les chevaux en tant que co-président de l’Association des courses de Zurich. Sa perspective unique lui permet d’offrir des conseils sur mesure aux clients engagés dans l’industrie équine, soutenus par une excellente équipe sous la tutelle d’Agnieszka Kalinowska.
Nous sommes également fiers d’accueillir Agnieszka Kalinowska dans notre équipe, qui apporte plus d’une décennie d’expérience en matière de conseil sur le droit équestre de l’UE. Ses connaissances approfondies permettent à nos clients de bénéficier de conseils d’experts sur les transactions transfrontalières, la conformité avec les règlements de l’UE et toutes les questions juridiques relatives aux chevaux.
Si vous avez besoin d’aide pour les contrats de vente de chevaux transfrontaliers ou pour d’autres questions juridiques liées aux chevaux, contactez-nous dès aujourd’hui. Notre équipe expérimentée est là pour vous aider.