Lindemann Law

Société holding d’investissement en gestion de patrimoine – optimisation fiscale ou piège fiscal?

Qu’est-ce que les sociétés holding d’investissement et comment sont-elles utilisées dans la gestion de patrimoine ?

Les sociétés holding d’investissement, parfois appelées sociétés d’investissement familiales, sont des entités spécialement structurées pour détenir, gérer et accroître le patrimoine familial. Elles sont couramment utilisées pour faciliter la planification successorale, l’efficacité fiscale et la protection des actifs à travers les générations.

En regroupant les actifs au sein d’une seule société, les investisseurs conservent une supervision directe et un pouvoir décisionnel sur les investissements, les distributions et la gouvernance de la société. Cette structure permet de mettre en œuvre des stratégies de gestion de patrimoine et de succession hautement personnalisées.

En tant que sociétés fermées, les sociétés holding d’investissement peuvent faciliter un transfert fluide du patrimoine entre les générations. Des actions peuvent être attribuées aux membres de la famille selon les souhaits du fondateur, soutenant ainsi la planification de l’héritage et de la succession sur le long terme.

Quelles sont les stratégies d’optimisation fiscale qui peuvent être mises en œuvre avec une société holding d’investissement ?

Les sociétés holding d’investissement peuvent être utilisées de différentes manières pour optimiser la charge fiscale globale relative aux investissements de portefeuille :

  1. Accumulation des revenus : Les revenus générés au sein de la société de holding sont imposés au niveau de l’entité, mais pas au niveau de l’actionnaire. Les actionnaires ne sont pas immédiatement soumis à l’impôt sur le revenu des personnes physiques ni à l’impôt anticipé sur ces revenus. Cela permet de réinvestir le montant total, améliorant ainsi les rendements composés.
  2. Réduction du taux d’imposition sur le revenu : Les actionnaires peuvent décider du montant et du calendrier des distributions de dividendes par la holding. En contrôlant les distributions, ils peuvent non seulement satisfaire leurs besoins de liquidité, mais également gérer le moment et le montant des paiements afin d’éviter de tomber dans des tranches d’imposition progressive plus élevées.
  3. Réduction pour participation : Si une société holding d’investissement détient au moins 1 000 000 CHF dans une action individuelle (ou une participation de 10 % dans une autre société), elle peut bénéficier de la réduction pour participation. Par conséquent, les dividendes provenant de tels investissements seront soumis à un taux effectif d’environ 0,6 % à 1 % (selon le canton).
  4. Bénéficier des faibles taux d’imposition sur le bénéfice: Les sociétés holding d’investissement profitent des faibles taux de l’impôt sur le bénéfice (11 % à 20 % selon le canton). Lorsque des dividendes sont finalement distribués de la holding aux actionnaires individuels, ceux-ci sont imposés avec un abattement significatif (réduction de 30 % à 50 %) au niveau de l’actionnaire.

Ces sociétés offrent-elles des avantages fiscaux pour les investisseurs suisses ?

Les sociétés holding d’investissement peuvent accroître l’efficacité fiscale des investisseurs suisses, si elles sont structurées et gérées correctement. De telles structures bénéficient d’une part du faible taux de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, et d’autre part d’une imposition partielle des dividendes distribués par ces sociétés à leurs actionnaires.

Le bénéfice effectif dépend des circonstances individuelles, du canton d’immatriculation et des coûts de maintien de la structure. Il est vivement recommandé de solliciter des conseils fiscaux professionnels pour assurer des résultats optimaux.

Exemple : Personne fortunée à Zurich.

Un résident de Zurich ayant un revenu annuel revenu des investissements de 10 000 000 CHF envisage d’investir soit directement, soit par le biais d’une société holding basée à Zoug.

Paramètres fiscaux :

  • Taux effectif d’imposition sur le revenu des personnes physiques : 38,5 % (fédéral : 11,5 % ; cantonal/communal : 28,5 %)
  • Taux de l’impôt sur le bénéfice à Zoug : 11,9 %
  • Imposition des dividendes provenant de participations qualifiées :
    • 70 % du revenu de dividendes au niveau fédéral
    • 50 % du revenu de dividendes au niveau cantonal/communal

Actifs détenus directement par l’investisseur :
Revenu imposable : 10 000 000 CHF
Impôt sur le revenu : 3 850 000 CHF

Actifs détenus via une entité juridique :
Revenu imposable au niveau de l’entité : 10 000 000 CHF
Impôt sur le bénéfice : 1 190 000 CHF
Distribution à l’actionnaire : 8 810 000 CHF
Impôt fédéral sur le revenu : 8 810 000 x 0,7 x 11,5 % = 709 205 CHF
Impôt cantonal/communal sur le revenu : 8 810 000 x 0,5 x 28,5 % = 1 255 425 CHF
Charge fiscale totale : 3 154 630 CHF
Économies d’impôt : 695 370 CHF

Les économies d’impôt peuvent être renforcées grâce à la réduction pour participation au niveau de la société. Les dividendes provenant de participations dont la valeur de marché est de 1 000 000 CHF bénéficient de la réduction pour participation. Ce régime rend ces dividendes pratiquement exonérés d’impôt au niveau de la société, augmentant encore l’efficacité fiscale globale.

En supposant que la moitié des revenus perçus par l’entité provient de dividendes bénéficiant de la réduction pour participation, notre exemple se présente comme suit :

Actifs détenus via une entité juridique :
Revenu imposable au niveau de l’entité : 10 000 000 CHF
Revenus de dividendes soumis à la réduction pour participation : 5 000 000 CHF
Impôt sur le bénéfice : 5 000 000 x 11,9 % = 595 000 CHF
Distribution à l’actionnaire : 9 405 000 CHF
Impôt fédéral sur le revenu : 9 405 000 x 0,7 x 11,5 % = 757 103 CHF
Impôt cantonal/communal sur le revenu : 9 405 000 x 0,5 x 28,5 % = 1 340 213 CHF
Charge fiscale totale : 2 097 316 CHF

Dans ce scénario, les économies d’impôt sont nettement plus importantes, aboutissant à un rendement sur investissement bien plus élevé comparé à des investissements directs.

Cet exemple démontre que, pour un contribuable suisse, l’utilisation d’une société holding d’investissement peut être efficiente d’un point de vue fiscal dans certains cas. Toutefois, si la maximisation de l’efficacité fiscale est l’objectif principal, la structure doit être planifiée avec soin.

En particulier, la société d’investissement privée doit disposer d’une substance suffisante à son siège social afin que les autorités fiscales du canton de résidence de l’actionnaire la reconnaissent comme un contribuable distinct. Ceci est nécessaire pour éviter une approche de transparence (« look-through ») ou la conclusion que le lieu de administration effective de la société – et donc son domicile fiscal – se situe au lieu de résidence de l’actionnaire. Disposer d’une substance solide permettra d’éviter de tomber dans un piège fiscal.

Puis-je créer une société dans une juridiction offshore avec un taux d’imposition de 0% ?

Une telle société peut, bien sûr, être constituée. Cependant, les autorités fiscales suisses appliqueront vraisemblablement une approche « look-through », en attribuant les revenus et les actifs de la société offshore directement à l’actionnaire résident en Suisse. En conséquence, la séparation envisagée entre la société et l’individu aux fins fiscales serait ignorée.

D’un point de vue fiscal, utiliser une société offshore n’est généralement pas une stratégie efficace ni efficiente pour les contribuables suisses. Par conséquent, il est généralement préférable pour ces derniers d’opter pour des structures transparentes et conformes, en Suisse ou dans d’autres juridictions avec lesquelles la Suisse a conclu des accords fiscaux solides.

J’ai déjà une société d’exploitation. Puis-je l’utiliser pour mes investissements privés ?

D’un point de vue fiscal, utiliser une société d’exploitation existante peut être avantageux, en particulier si elle est basée dans une juridiction à faible fiscalité, comme un canton à faible imposition ou à l’étranger. Dans ce cas, les revenus de placement seront soumis à des taux d’imposition plus bas, et les autorités fiscales reconnaîtront généralement la société comme un contribuable distinct plutôt que d’attribuer directement le revenu de placement à l’actionnaire.

Cependant, il est important que l’utilisation d’une société d’exploitation pour des investissements soit conforme à son objet social et à sa gouvernance. En outre, des processus opérationnels adéquats doivent être mis en place pour assurer le bon fonctionnement à la fois de l’activité principale et des activités d’investissement.

Une société holding d’investissement offre-t-elle des avantages fiscaux aux investisseurs institutionnels, tels que les caisses de pension ?

Étant donné que les caisses de pension suisses sont exonérées de l’impôt sur le bénéfice et peuvent dans de nombreux cas bénéficier de taux de retenue à la source étrangers préférentiels en vertu de conventions de double imposition, un tel montage n’est pas recommandé. Si une caisse de pension suisse a besoin d’un véhicule d’investissement (par ex. à des fins de gestion des risques), elle devrait opter pour une entité fiscalement transparente, par exemple une société en commandite, afin de lui permettre de bénéficier pleinement des taux préférentiels prévus par les conventions de double imposition.

Si vous envisagez d’utiliser une société d’investissement privée ou d’autres outils de structuration patrimoniale pour améliorer l’efficacité fiscale, le cabinet LINDEMANNLAW propose des services juridiques et fiscaux sur mesure pour soutenir vos objectifs. Notre équipe assiste les personnes et familles fortunées dans le cadre de structurations complexes, de la conformité réglementaire et de la planification successorale, tant en Suisse qu’à l’international. Pour discuter de la manière dont nous pouvons répondre à vos besoins spécifiques, veuillez nous contacter.

Dernières informations

Actively Managed Certificates et pièges fiscaux suisses

Un nouveau chapitre de votre vie en Suisse ? Ce que les citoyens hors UE/AELE doivent savoir

Atelier en ligne sur les impôts opérationnels et les audits fiscaux pour les gestionnaires de fortune et de patrimoine suisses et liechtensteinois et leurs clients

Compétences connexes

Retour en haut