Dans les précédentes éditions de notre série consacrée aux cinq voies magiques pour obtenir un permis de séjour en Suisse, nous avons déjà mis en avant quatre options particulièrement pratiques :
- L’imposition forfaitaire comme base pour l’obtention d’un permis de séjour ;
- Les investisseurs privés fortunés âgés de plus de 55 ans ;
- Les entrepreneurs résidant en Suisse ;
- L’accès privilégié pour les ressortissants de l’UE/AELE.
Avec ce dernier article, nous terminons la série et nous nous concentrons sur un sujet très pertinent pour de nombreuses entreprises : l’emploi de travailleurs qualifiés issus de pays dits tiers. Dans le cadre de nos consultations quotidiennes, nous sommes fréquemment confrontés aux mêmes questions, auxquelles nous répondons brièvement et de manière compréhensible ci-dessous.
Les entreprises suisses peuvent-elles employer des ressortissants de pays tiers ou les obstacles sont-ils trop importants ?
Oui, l’embauche de ressortissants de pays tiers est légalement possible, mais uniquement sous certaines conditions. Contrairement aux citoyens de l’UE/AELE, qui ont le droit de résider en Suisse en vertu de l’accord sur la libre circulation, les ressortissants de pays tiers doivent obtenir une autorisation formelle. Celle-ci n’est accordée que si la personne dispose d’une formation qualifiée, généralement un diplôme universitaire ou une qualification équivalente, et de plusieurs années d’expérience professionnelle. En outre, une offre d’emploi concrète et justifiée de manière plausible de la part d’un employeur suisse doit être présentée. Les exigences sont élevées, mais avec une préparation minutieuse et une justification professionnelle solide, les chances de succès sont réelles.
Qu’entend-on par « intérêt économique » de la Suisse et comment les entreprises peuvent-elles le prouver concrètement dans le cadre de la procédure d’autorisation ?
La notion d’intérêt économique national est inscrite à l’article 18a de la loi sur les étrangers (LEtr) et est interprétée par les autorités sur la base de différents critères. Il s’agit d’un intérêt économique et social à long terme de la Suisse. Concrètement, il s’agit d’évaluer si l’emploi d’un spécialiste étranger contribue au développement économique, par exemple en apportant des connaissances spécialisées, en développant des produits ou des services innovants ou en renforçant des industries stratégiques. Les autorités examinent également si l’emploi de travailleurs étrangers peut entraîner des risques tels que des distorsions structurelles, un dumping social ou des charges fiscales. Si aucun de ces risques n’existe, l’intérêt économique national est considéré comme rempli dans la pratique. Les employeurs sont invités à expliquer clairement l’importance stratégique de l’emploi envisagé, par exemple en décrivant les compétences spécifiques ou le rôle au sein de l’entreprise.
Que signifie « traitement préférentiel des ressortissants suisses » et comment un employeur peut-il prouver qu’aucun travailleur qualifié n’est disponible en Suisse ou dans l’UE/AELE ?
Conformément à l’article 21 de l’OIE, les permis de travail pour les ressortissants de pays tiers ne peuvent généralement être délivrés que si aucun candidat approprié ne peut être trouvé en Suisse ou dans l’UE/AELE pour le poste concerné. L’employeur doit démontrer que, malgré des efforts de recrutement sérieux et documentés, notamment par le biais d’annonces publiées par les offices régionaux de placement (ORP) et d’autres canaux, aucun professionnel approprié n’a pu être recruté. Les documents pertinents comprennent non seulement les offres d’emploi, mais aussi les comptes rendus d’entretiens, les candidatures reçues et les motifs de refus. La transparence est essentielle : les autorités compétentes vérifient si le processus de recrutement a été clair et sérieux. Des recherches superficielles ou purement formelles ne suffisent pas.
Qu’est-ce qu’une profession en pénurie et comment les entreprises peuvent-elles prouver que leurs offres d’emploi relèvent des conditions d’admission simplifiées ?
Dans les secteurs où il existe une pénurie avérée de main-d’œuvre qualifiée, des règles simplifiées peuvent s’appliquer, notamment en ce qui concerne la preuve de la recherche locale. Selon les directives du Secrétariat d’État aux migrations (SEM), les postes tels que les fonctions de direction, les spécialistes en analyse de gestion, les ingénieurs, les professionnels de la santé et les professeurs d’université sont considérés comme des profils en pénurie. Dans ces cas, on peut supposer que le potentiel de main-d’œuvre nationale est épuisé, ce qui signifie que certaines exigences formelles, telles que la publication détaillée ou la présentation d’une liste de candidats, peuvent être réduites. Toutefois, les entreprises doivent clairement démontrer que le poste correspond à l’un de ces profils, notamment en décrivant la fonction, les exigences et le secteur d’activité.
Quelles sont les exigences en matière de salaire et de conditions de travail, et comment l’autorité vérifie-t-elle si le salaire versé est « conforme aux conditions locales et aux normes de la branche » ?
L’un des principaux objectifs du législateur est d’éviter les distorsions du marché et le dumping salarial. C’est pourquoi l’article 22, alinéa 1, lettre a, de l’OIE exige que le salaire proposé corresponde aux normes locales, professionnelles et sectorielles. L’examen est effectué par les autorités cantonales sur la base de valeurs de référence statistiques, notamment le Livre des salaires suisses et l’outil en ligne Salarium. S’il existe une convention collective de travail (CCT), ses dispositions sont contraignantes. Le niveau de salaire doit non seulement être conforme au marché, mais aussi justifié sur le fond. Dans la pratique, des salaires trop bas ou trop éloignés de la norme entraînent souvent le rejet des demandes.
Conclusion : reconnaître les opportunités, éviter les risques
L’admission des ressortissants de pays tiers sur le marché du travail suisse est clairement réglementée par la loi, mais offre une marge de manœuvre, en particulier pour les professionnels hautement qualifiés dans des secteurs spécialisés. Les entreprises qui se familiarisent tôt avec le cadre juridique et préparent leurs demandes de manière professionnelle peuvent accéder légalement et avec succès à des talents étrangers.
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