Applications pratiques pour la protection des actifs et la planification successorale
Pour les personnes à valeur nette élevée (HNWI) et les familles entrepreneuriales, les structures patrimoniales doivent faire plus que simplement détenir des actifs : elles doivent préserver la valeur au‑delà des frontières, optimiser la fiscalité, protéger la vie privée et assurer une transmission intergénérationnelle fluide. Les « cinq outils magiques » — solutions de fonds, titrisation, sociétés de holding, enveloppes d’assurance‑vie et fondations/trusts – sont au cœur d’une stratégie patrimoniale sophistiquée. Chaque outil remplit une fonction distincte, mais deux outils ou plus peuvent être combinés au sein d’une structure sur mesure.
Comment un fonds d’investissement sur-mesure peut‑il servir à gérer mon patrimoine ?
Liquidité et transférabilité
Un fonds mono‑investisseur ou familial peut être créé pour détenir un large éventail d’actifs — actions, investissements alternatifs, capital‑investissement et immobilier — au sein d’un véhicule de fonds réglementé. Au lieu de détenir ces actifs directement, l’investisseur détient des parts du fonds qui représentent son intérêt proportionnel dans le portefeuille.
Le transfert d’actifs dans un fonds améliore la liquidité et la planification successorale de plusieurs façons. Des participations complexes et transfrontalières sont consolidées dans une structure standardisée, avec des unités fongibles et divisibles. Ces unités peuvent être facilement allouées ou transférées aux héritiers ou aux membres de la famille, facilitant des plans successoraux ordonnés.
La valeur nette d’inventaire (VNI) du fonds offre des valorisations transparentes et fondées sur le marché. Elle permet la vente ou la donation de parts sans litiges sur la valorisation des actifs.
Enfin, les parts de fonds peuvent être nanties en garantie pour obtenir un financement ou des facilités de crédit privé (le cas échéant avec effet de levier), offrant une flexibilité difficile à obtenir lorsque l’on détient directement des actifs fragmentés.
Flexibilité
Un fonds sur-mesure peut être structuré selon les besoins de l’investisseur en matière de juridiction, de gouvernance, de gestion et de périmètre d’investissement.
Plusieurs centres financiers internationaux reconnus, tels que le Luxembourg, le Liechtenstein, Malte ou les Îles Caïmans, proposent des régimes de fonds destinés aux véhicules mono‑investisseur ou familiaux. Le choix de la juridiction reflète souvent des considérations fiscales, réglementaires ou opérationnelles.
De tels fonds peuvent être gérés de manière externe par un gestionnaire d’actifs agréé choisi par l’investisseur ou, dans certaines circonstances, être autogérés par un conseil d’administration nommé par l’investisseur.
Les véhicules de fonds réglementés donnent accès à des opportunités et produits financiers (tels que des classes d’actions « institutionnelles » de fonds, opérations privées, co‑investissements et facilités de prêt) généralement inaccessibles aux personnes physiques.
Fiscalité
Le traitement fiscal d’un fonds sur mesure dépend principalement de la juridiction du fonds, de celle de l’investisseur et de celle des actifs sous‑jacents. Correctement mis en place, les fonds offrent soit une neutralité fiscale, soit des avantages fiscaux, tels que le report d’imposition jusqu’à la distribution ou la cession, ou encore la mise à l’abri de certaines catégories d’actifs des droits de succession, etc.
Une attention particulière doit être portée aux retenues à la source issues des placements sous‑jacents (dividendes ou intérêts de participations internationales). Une planification efficace, y compris le recours aux conventions de double imposition, peut aider à en atténuer l’impact.
Quels sont les avantages et les risques liés aux certificats à gestion active ?
Les certificats à gestion active (AMC) sont des produits d’investissement structurés fonctionnellement comparables aux fonds d’investissement, mais généralement plus flexibles, plus rapides à mettre en place et soumis à des exigences réglementaires allégées. Les AMC peuvent être émis dans le cadre de dispositifs de titrisation existants et cotés sur des marchés réglementés, ce qui les rend attractifs pour les HNWI recherchant de l’agilité dans la structuration patrimoniale.
Pour créer un AMC, l’investisseur regroupe des actifs — créances, prêts, droits de propriété intellectuelle ou participations de capital‑investissement — dans un véhicule à usage spécial (SPV). Ce SPV émet des titres (certificats ou obligations AMC) adossés à la stratégie d’investissement définie par l’investisseur ou son gestionnaire d’actifs.
Un AMC offre plusieurs avantages. Le SPV assure la séparation juridique des actifs apportés, les protégeant des créanciers externes. L’investisseur peut lever des capitaux ou transférer une exposition sans vendre ni diluer la propriété des actifs sous‑jacents. Les titres émis (AMC) sont reconnus comme des instruments réglementés, négociables et transférables au‑delà des frontières. La création d’un AMC convertit des détentions illiquides en instruments réglementés et transférables tout en maintenant la protection des actifs. Les certificats ou obligations peuvent être nantis en garantie pour des prêts Lombard, offrant une capacité d’emprunt rapide et flexible, y compris contre des avoirs auparavant illiquides.
Contrairement aux fonds réglementés, les AMC peuvent généralement être mis en place en quelques semaines, et non en quelques mois. Ils peuvent répliquer pratiquement toute allocation d’actifs ou stratégie sur-mesure, donnant aux familles un contrôle direct sur la gestion. Les AMC peuvent être liquidés relativement rapidement si les circonstances évoluent ou si la famille a besoin de restructurer ses actifs. Cette flexibilité séduit particulièrement les familles entrepreneuriales et les investisseurs dynamiques.
La mise en place d’un dispositif de titrisation (AMC) est en principe fiscalement neutre. Il convient d’éviter les frottements fiscaux en structurant l’opération de manière à permettre un transfert d’actifs vers le SPV sans incidence fiscale. Pour améliorer le rendement après impôt, les retenues à la source sur les flux des actifs sous‑jacents doivent être évitées ou minimisées. Selon la juridiction de l’investisseur, les AMC peuvent permettre un report d’imposition tant qu’il n’y a pas d’événement de réalisation.
Puis‑je utiliser une structure simple, par exemple une société de holding ?
Une société de holding d’investissement peut constituer une solution simple et élégante pour les investisseurs, en particulier ceux exerçant des activités entrepreneuriales. Un investisseur peut regrouper des actifs — entreprises opérationnelles, immobilier et placements de portefeuille — au sein d’un même véhicule. Cela crée un pare‑feu juridique et permet une gestion consolidée. Un gestionnaire d’actifs peut être mandaté pour gérer le portefeuille.
Un holding ou un compte géré permet de consolider des investissements diversifiés (actions, immobilier, actifs alternatifs) au sein d’une structure unique.
La gestion d’actifs disparates via un holding ou un compte géré réduit considérablement la charge administrative et la complexité. Elle permet un suivi consolidé de la performance, un meilleur contrôle de l’allocation d’actifs et du risque. Le contrôle centralisé facilite les rééquilibrages, les réinvestissements et la planification successorale.
Une société de holding est un outil très flexible pour la planification de la succession. Grâce aux différentes formes de titres de capital, la propriété de la holding peut être divisée en actions avec droit de vote (contrôle) et actions sans droit de vote (droits économiques). Cela permet une gouvernance souple : les aînés conservent le pouvoir décisionnel via les actions votantes, tandis que la jeune génération participe à la création de valeur via des actions non-votantes. Des chartes familiales, des pactes d’actionnaires et des clauses de restriction à la cession peuvent formaliser les droits décisionnels et les calendriers de transmission, garantissant une transition intergénérationnelle ordonnée et avec un minimum de conflits.
Enfin, une holding procure des avantages fiscaux dans de nombreuses juridictions, par exemple via le régime de la réduction d’impôt sur les rendements de participations (régime mère‑fille) au niveau de la société, qui exonère d’impôt sur les sociétés les dividendes et plus‑values éligibles sur participations. La holding peut ainsi percevoir des distributions de filiales ou de sociétés en portefeuille avec un frottement fiscal minimal. Parallèlement, les dividendes provenant de participations éligibles sont généralement imposés à un taux inférieur au niveau de l’investisseur.
Comment l’assurance‑vie peut‑elle être utilisée comme outil de planification patrimoniale ?
L’assurance‑vie est l’un des outils les plus polyvalents et puissants pour les HNWI lorsqu’il s’agit d’organiser la transmission, la protection et la structuration du patrimoine. Au‑delà de sa fonction protectrice, les contrats d’assurance peuvent être personnalisés pour servir d’instruments de planification successorale efficients sur le plan fiscal et conformes au niveau international.
Une police d’assurance‑vie bien structurée garantit le versement d’un capital aux bénéficiaires désignés, en contournant des procédures d’homologation ou de succession complexes. Elle assure rapidité, confidentialité et certitude dans le processus de transmission du patrimoine. Les polices sont également largement utilisées pour égaliser les héritages : par exemple, si un héritier reprend l’entreprise familiale et pas les autres, la prestation d’assurance peut équilibrer les droits de manière équitable et fiscalement efficiente.
Certains contrats d’assurance‑vie permettent de loger divers actifs au sein du contrat plutôt que de les détenir directement. Cela les sépare du bilan personnel du souscripteur, simplifie la détention et peut réduire la taille de la masse successorale taxable. Pour les familles internationales, cela apporte de la clarté lors de relocalisations vers des juridictions dont les règles en matière d’impôt sur les successions et sur la fortune divergent.
Les contrats d’assurance‑vie peuvent être conçus pour verser les prestations directement aux héritiers hors de la masse taxable. Ce mécanisme de cantonnement peut réduire sensiblement les droits de succession dans de nombreuses juridictions, tout en assurant un transfert d’actifs maîtrisé et conforme. Des centres financiers de premier plan tels que le Luxembourg, le Liechtenstein, Malte et les Îles Caïmans proposent des solutions transfrontalières robustes en assurance‑vie adaptées à la mobilité internationale et aux changements de résidence.
Malgré leur complexité, les polices d’assurance‑vie transfrontalières peuvent généralement être mises en place en deux à douze semaines, selon la taille du portefeuille et les exigences réglementaires. Une fois en place, elles associent gestion d’actifs professionnelle et efficience durable de la planification successorale.
Je souhaite utiliser une structure de trust. Une telle structure est‑elle adaptée à des fins de planification patrimoniale ?
Les fondations et les trusts figurent parmi les instruments les plus éprouvés et efficaces de planification successorale, permettant aux familles de préserver et de transmettre le patrimoine sur plusieurs générations de manière structurée et contrôlée. En transférant des actifs dans un tel véhicule, le fondateur ou le constituant veille à ce que le patrimoine familial soit centralisé, géré de manière professionnelle et protégé contre la fragmentation. Les règles de gouvernance, les principes d’investissement et les mécanismes détaillés de distribution peuvent être définis à l’avance et adaptés pour refléter les valeurs familiales, les objectifs à long terme ou l’évolution des circonstances. Selon la juridiction et la forme choisies, ces structures peuvent exister indéfiniment ou sur plusieurs générations, apportant de la stabilité aux situations familiales complexes.
L’un de leurs grands atouts réside dans leur capacité à répondre à des besoins familiaux sensibles. Une fondation ou un trust peut affecter des fonds à l’éducation ou à la santé, garantir un soutien à vie aux héritiers en situation de handicap, ou s’assurer que le patrimoine ne soit transmis aux bénéficiaires qu’une fois atteint un âge ou un jalon déterminé (obtention d’un diplôme universitaire, mariage, aptitude à assumer des responsabilités dans l’entreprise familiale, etc.). Ils ne sont donc pas seulement des instruments techniques de planification successorale, mais aussi des vecteurs de transmission des valeurs et de protection des membres vulnérables de la famille.
Dans une perspective transfrontalière, les fondations et les trusts sont particulièrement précieux. Une structuration appropriée peut soustraire certains actifs à l’assiette des droits de succession locaux, protégeant ainsi une partie du patrimoine familial des droits de succession. Tout aussi important, ces structures sont juridiquement distinctes du patrimoine personnel du fondateur, offrant une protection contre les règles de réserve héréditaire dans les pays de droit civil ainsi que contre d’éventuelles réclamations de créanciers. Pour les familles mobiles à l’international ou les fondateurs changeant de juridiction, elles offrent une continuité et une prévisibilité là où les règles fiscales et successorales peuvent fortement diverger.
Des juridictions telles que le Liechtenstein, le Luxembourg, Malte et les Îles Caïmans ont mis en place des cadres stables pour l’utilisation de fondations et de trusts, reconnus sur le plan international. Selon la complexité de la gouvernance et le contexte réglementaire, les délais de mise en place vont généralement de deux semaines à trois mois. Correctement mis en œuvre, les fondations et les trusts peuvent être hautement efficients sur le plan fiscal : la structure elle‑même ne supporte généralement pas d’imposition courante, l’imposition n’intervenant qu’au moment où les bénéficiaires reçoivent des distributions de véhicules discrétionnaires et irrévocables. Dans tous les cas, le traitement des droits de succession et de donation nécessite une analyse détaillée, les conséquences fiscales dépendant fortement de la résidence du fondateur et des bénéficiaires. Avec une planification adéquate, les fondations et les trusts demeurent parmi les instruments les plus puissants pour combiner protection des actifs, efficience fiscale et transmission patrimoniale ordonnée entre générations.
Chez LINDEMANNLAW, nous conseillons les personnes à valeur nette élevée et les familles entrepreneuriales sur les aspects juridiques, fiscaux et financiers des « cinq outils magiques » de la gestion de patrimoine. Si vous envisagez l’un de ces instruments ou souhaitez comprendre comment les combiner dans votre situation personnelle, nos avocats expérimentés sont à votre disposition.
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